Nosy Bé 3

C’est d’abord un rythme étrange
Minéral
Comme un cœur de statue qui battrait le tempo

Puis vient le choc
De ces abris de palme
Où des hommes
Où des femmes
De leurs marteaux dérisoires
Tapent sans fin sur des cailloux
Pour les réduire en miettes

C’est l’école de la pierre
Des bébés, des enfants
Sont là et jouent dans la poussière
Tandis que brûlent les cailloux
Pour devenir friables
Attendant que des mains nues
Les sortent de la cendre
Les concassent
Les mettent dans des sacs


Le camion va passer
Qui viendra les charger
Qui viendra les payer
Un centime (*) les dix kilos

Faut dire que ça pèse lourd
La pierre
Plus lourd, c’est sûr
Que la vie d’un humain

Le rythme minéral
Bat du matin au soir
Et moi, je ne sais plus
Si j’aime les statues

(*) 1 centime d’euro les 10 kilos, c’est le salaire des casseurs de cailloux

À force d’à forçats ( les casseurs de cailloux de Madagascar

I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
Ì
I